Yannick Le Mer

Yannick Le Mer

Tout a commencé autour d’une table de bar, à l’aéroport de Toulouse-Blagnac, au décours d’une réunion sur la pathologie rétinienne organisée par André Mathis en 1998.  Autour d’un café (pour tous) et de quelques cigarettes pour André et moi (glorieuse époque où on pouvait encore fumer dans les endroits réservés des bars et restaurants), la discussion avec Geneviève Van Effenterre et Alain Gaudric tournait autour de la satisfaction de se retrouver dans des réunions sur la pathologie de la rétine, toujours animées, conviviales et avec de franches discussions.

A cette époque, les thèmes étaient quasi exclusivement chirurgicaux, renforcés par les débuts de l’OCT. Les discussions portaient sur la PVR, les perfluorocarbones liquides, les rétinopathies diabétiques, les membranes épirétiniennes maculaires, le trou maculaire, etc. La DMLA n’était évoquée qu’en raison des traitements chirurgicaux venant en alternative au laser. Petit à petit, au cours de la discussion, l’idée vint, probablement à André, de structurer un peu plus ces réunions amicales et régulières, organisées toujours avec le même esprit détendu, réunissant le privé, le public et l’université sans prépondérance de l’un sur les autres, pour faire progresser les échanges et les connaissances dans ce domaine de la rétine si particulier et si peu attirant pour les plus jeunes à l’époque. La décision de créer une « société savante » exclusivement consacrée à ces pathologies fut vite prise.

Le nom initial était Club Francophone des Chirurgiens de la Rétine qui traduisait bien tout ce que nous voulions faire : un club pour garder l’esprit moins officiel qu’une Société savante, francophone pour l’ouvrir à tous au delà des frontières nationales et avec le mot « chirurgie » qui était la seule alternative aux traitements par photocoagulation à l’époque.

Après d’amples discussions avec le bureau de la SFO, la première réunion fut organisée en Mai 2000, rencontrant rapidement un franc succès, les salles proposées au cours des années devenant chaque fois trop petites. Initialement, c’était clairement plus le ton général de la réunion et la façon de traiter les thèmes qui attiraient les participants, la pathologie rétinienne restant une affaire de spécialistes. L’explosion de l’imagerie et des traitements médicamenteux des pathologies rétiniennes au milieu des années 2000 contribua ensuite à attirer les ophtalmologistes pour lesquels les sujets devenaient plus accessibles en même temps que les explorations et les traitements se démocratisaient. Ceci imposa un changement de dénomination : le Club Francophone des Spécialistes de la Rétine était né et organisa sa première réunion annuelle en 2008. Cet ajustement du nom traduisait les bouleversements qu’avait connus la spécialité, la rétine chirurgicale, reine à la fin du siècle dernier laissant majoritairement la place à la rétine médicale.

Depuis, le Club continue de grandir et de se structurer. La gestion informelle des quatre membres fondateurs auxquels s’étaient dès le début rajoutés Jean François Korobelnik et François Devin ne pouvant plus suffire, des statuts ont été déposés, créant officiellement un bureau auquel on ne peut que souhaiter bonne chance et longue vie. Je pense que l’aventure va continuer longtemps, sans trahir l’esprit convivial qu’a pu lui insuffler notre premier président, André Mathis.